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publié sur Presse Santé par Marie Desange le 16.03.2022
Un sac à dos pour tout porter sans se faire mal au dos.. ça existe. Le journaliste Pierre Schellingen a enquêté et nous explique tout.
Nous utilisons tous de nos jours un sac à dos. Il fait partie de notre quotidien. Nous nous en servons non seulement pour faire une randonnée en montagne, mais aussi pour aller travailler ou comme bagage à mains dans l’avion pour alléger le poids des valises en soute. Nos enfants s’en servent de cartable et certains professionnels comme outils de livraison. Bref, cette démocratisation de l’usage du sac à dos, s’il est pratique, n’en est pas moins sans danger. Notamment pour notre santé et plus particulièrement notre colonne vertébrale.
L’histoire d’une expérience
Alors que Mohammed Errafi transportait, pour son travail, des charges de 40 à 50 kg, il ne tarda pas à avoir mal au dos. Il se dit que, vraisemblablement, ses souffrances venaient de la position de son sac à dos sur ses épaules.
Ferronnier d’art de son état, il imagina alors une astuce pouvant le soulager. Il avait remarqué que, lors d’une trop forte charge à porter, le réflexe naturel était de mettre les pouces sous les bretelles pour éviter de se lacérer les épaules, étirer ses ligaments et pour soulager ses lombaires et ses cervicales. Il travailla les bretelles de son sac à dos, les rendant rigides afin de répartir la charge de manière optimale. L’exosquelette Gravipack était né, rebaptisée depuis par les scientifiques ayant travaillé sur cette invention « côte Alpha N12 ». Il s’agit en fait d’une prothèse transversale rajoutée sur le corps et qui permet à une charge sur le dos d’être confondue avec le centre de gravité.
Des inserts en carbone
Pour ce faire, l’idée a été de mettre des inserts en carbone, les fameuses « côtes Alpha N12 », à l’intérieur des bretelles en leur donnant la forme des pouces pour permettre d’absorber la charge sur d’autres parties du corps. Gravipack est le seul sac à dos au monde à ne plus seulement reposer sur les épaules.
Du coup, on ne sait plus où se situe la charge, le poids étant idéalement réparti sur l’ensemble du corps. Le centre de gravité du sac à dos se trouve confondu avec le centre de gravité du corps de l’utilisateur. Le cou et les épaules sont dégagés de 92 % de la charge et la sensation de poids se dilue. Il s’agit là clairement d’une prévention des lombalgies chroniques, des tendinites aiguës et des scolioses. Pour valider ses prétentions, Gravipack, qui se voit bien devenir une norme de santé publique, a diligenté de nouvelles études scientifiques.
Ce qu’en dit l’Expert Opérationnel de la SNCF
J’ai interrogé deux experts pour savoir ce qu’ils pensent de l’exosquelette Gravipack, de son utilité, et de son exploitation.
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Pour Yonnel Giovanelli, expert opérationnel à la SNCF en charge des nouvelles technologies d’assistance physique, l’intérêt de Gravipack se trouve évidement au niveau de la conception des bretelles. Dans l’exercice de ses fonctions Yonnel Giovenelli constate au quotidien les effets délétères d’une mauvaise position lors du déplacement de charges. Ceux-ci sont nombreux. « C’est la colonne vertébrale qui souffre en premier » précise-t-il. Il en résulte lombalgies, hernies discales et lumbago pour ne citer qu’eux. Pour lui, une façon possible de s’en prémunir reste l’exosquelette. Yonnel Giovenelli travaille à son propre système, mais trouve tout à fait pertinente la technologie embarquée dans l’invention de Mohammed Errafi.
Le principal intérêt de Gravipack est la modification des points d’appuis des charges sur le corps. On libère la ceinture scapulaire ce qui diminue les problèmes de charge.
À la SNCF, Yonnel Giovanelli a donc mis en place une série de tests sur deux types de population. Les agents se déplaçant entre différents sites avec leur matériel (conducteurs, contrôleurs) et d’autres ayant besoin de se déplacer avec leurs outils de maintenance. Du matériel lourd en somme. Ils utilisent pour l’heure des Gravipack en l’état, sans modifications.
Les résultats sont concluants. Si bien que la SNCF envisage de reprendre la technologie Gravipack, les bretelles exosquelette donc, pour les intégrer dans des sacs à dos sur mesure. Des améliorations sont, selon lui, encore possibles. Notamment la mise à disposition de bretelles pour différents types de morphologies et des modes de réglage à trouver selon le poids embarqué. Une fois ces questions résolues, Gravipack pourrait être un outil des plus performants, accessible à tous les secteurs d’activité.
Ce qu’en dit le Professeur d’Ergonomie de l’Université de Lorraine
Pour Eric Brangier, Professeur d’Ergonomie et responsable du master Ergonomie à l’Université de Lorraine – Metz, Gravipack s’inscrit dans une volonté d’amélioration des activités de manutention, dans le sens où ces dernières sont souvent associées aux troubles musculosquelettiques des membres supérieurs et donc à des risques pour la santé et la sécurité des personnes.
Pour le coauteur du dictionnaire encyclopédique « Ergonomie : 150 notions clés »*, si la technologie Gravipack semble agir sur les facteurs mécaniques (perception du poids de l’objet, répartition des charges, surface de contact, posture), d’autres facteurs sont aussi à prendre en compte dans une démarche de prévention des risques associés à la manutention.
On pense immédiatement aux facteurs personnels (âge, condition physique, genre…), aux facteurs organisationnels (stress, tâche répétitive et monotone, latitude décisionnelle du travailleur, marge de manœuvre pour organiser sa tâche, sentiment d’être intégré à un collectif aidant…) et aux facteurs environnementaux (température, encombrement du lieu de manutention, qualité du support de marche, facilité de circulation…).
Eric Brangier souligne que les activités de manutention sont d’une grande diversité et d’une forte variabilité. Une analyse ergonomique détaillée pourra éliminer les facteurs à la source des risques, tout en fournissant des recommandations sur les dispositifs d’aide aux ports de charge.
* Brangier, E., & Valléry, G. (Eds) (2021). Ergonomie : 150 notions-clés. Dictionnaire encyclopédique. Dunod.
Un sac à dos pour tous les usages
Maintenant, pour l’utilisateur de tous les jours, le Gravipack reste, en plus de ses caractéristiques techniques, un sac à dos bien fini, avec une multitude de poches et d’ouvertures visant à accueillir ce que vous voulez y loger.
Sa forme est on ne peut plus classique et il n’y a guère que la rigidité de ses bretelles qui le distinguera d’un autre. Différents modèles sont proposés pour s’adapter à toutes les situations. Écolier, randonneur, motard, médecin, youtubeur ou homme d’affaires, chacun trouvera celui qui lui sera le plus adapté. La seule consigne à suivre pour en tirer le meilleur profit est de bien régler les bretelles et la sangle pectorale.
Ensuite, vous serez surpris, même avec une lourde charge, de vous tenir droit et de vous déplacer librement en pouvant utiliser vos bras sans que ceux-ci soient gênés dans leurs mouvements et sans avoir le sentiment d’avoir un fardeau sur le dos. La sensation est étonnante.